Vous préparez une levée de fonds pour accélérer la croissance de votre startup ou PME ? Vous avez peaufiné votre pitch deck, identifié vos investisseurs cibles et construit un business plan ambitieux. Pourtant, une question revient fréquemment lors des premiers échanges : « Quelle est la maturité de votre fonction finance ? »
Cette interrogation n’est pas anodine. Pour les investisseurs en capital – qu’il s’agisse de business angels, de fonds de venture capital ou de fonds de private equity – une fonction finance structurée est devenue un critère décisif avant toute prise de participation. Loin d’être un simple détail administratif, elle constitue le socle de confiance sur lequel repose toute l’opération d’investissement.
Les investisseurs exigent aujourd’hui bien plus que le potentiel produit ou l’enthousiasme de l’équipe : ils veulent des preuves tangibles que l’entreprise sait piloter sa croissance, anticiper sa trésorerie et produire des données financières fiables. En effet, la diligence financière (« financial due diligence ») est désormais un élément central du processus d’investissement : selon Kruze Consulting, elle « joue un rôle pivot » dans l’analyse des entreprises en levée de fonds. De plus, bien que 90 % des startups finissent par échouer, le processus de due diligence leur permet de vérifier leur viabilité avant que l’investisseur s’engage. Enfin, alors que “25 % des tours de financement sont retardés en raison de documents financiers manquants ou incomplets“ (source), il ressort donc que la qualité des données financières et la préparation à la due diligence sont devenues des facteurs critiques de succès.
Dans cet article, nous décryptons les raisons pour lesquelles une fonction finance bien organisée est incontournable pour séduire les investisseurs, et comment structurer cette fonction pour maximiser vos chances de succès lors d’une levée de fonds.
La due diligence financière : une étape incontournable et impitoyable
Qu’est-ce que la due diligence financière ?
La due diligence financière est un audit approfondi réalisé par les investisseurs (ou leurs conseils spécialisés) avant de finaliser une opération d’investissement. Elle vise à vérifier la fiabilité, l’exhaustivité et la cohérence des informations financières communiquées par l’entreprise.
Cette analyse porte sur plusieurs dimensions :
- Historique financier : Comptes annuels des 3 à 5 dernières années, liasse fiscale, attestations fiscales et sociales
- Comptabilité analytique : Ventilation des coûts par activité, par produit ou par client
- Trésorerie et BFR : Analyse des flux de trésorerie historiques et prévisionnels, évolution du besoin en fonds de roulement
- Processus comptables : Organisation des équipes, outils utilisés, qualité des procédures internes
- Prévisions financières : Business plan, hypothèses de croissance, trajectoire de rentabilité
Pourquoi cette étape est-elle si exigeante ?
Les investisseurs ne misent pas uniquement sur une idée : ils investissent dans une capacité d’exécution. Une fonction finance mal structurée révèle souvent des failles organisationnelles plus profondes : manque de rigueur dans la gestion, absence de vision stratégique, ou encore incapacité à anticiper les besoins de financement.
Une due diligence qui révèle des incohérences comptables, des prévisions irréalistes ou un pilotage approximatif entraîne systématiquement :
- Un abandon pur et simple de l’opération (dans les cas les plus graves)
- Une révision à la baisse de la valorisation de l’entreprise
- L’ajout de conditions suspensives contraignantes
- Un allongement significatif du processus, avec un risque de perdre l’opportunité
Exemple concret : Une startup SaaS en forte croissance avait convaincu un fonds de série A d’investir 3 millions d’euros. Lors de la due diligence, il est apparu que le chiffre d’affaires comptabilisé incluait des abonnements annuels enregistrés en totalité dès la signature, sans application du principe de reconnaissance du revenu différé. Cette anomalie a conduit à une réévaluation du CA réel, une baisse de valorisation de 25%, et un retard de 6 mois sur le closing.
Les 5 piliers d’une fonction finance structurée attendus par les investisseurs
1. Une comptabilité fiable et à jour
Les investisseurs exigent une comptabilité irréprochable, produite dans les délais impartis et conforme aux normes comptables en vigueur (PCG, IFRS si applicable). Cela implique :
- Une clôture mensuelle rapide (idéalement sous 10 jours ouvrés)
- Des rapprochements bancaires à jour
- Une gestion rigoureuse des créances clients et des dettes fournisseurs
- Une traçabilité complète des opérations
Au-delà de la conformité, la comptabilité doit être exploitable : ventilation analytique cohérente, distinction claire entre charges fixes et variables, identification des coûts d’acquisition client (CAC) et de la lifetime value (LTV) pour les modèles récurrents.
2. Un pilotage de trésorerie prévisionnel et opérationnel
Le cash management est l’obsession de tout investisseur. Ils veulent s’assurer que l’entreprise ne tombera pas à court de liquidités entre deux tours de financement.
Les éléments attendus incluent :
- Un plan de trésorerie à 12-18 mois, actualisé mensuellement
- Une identification claire du runway (nombre de mois de trésorerie disponible)
- Une analyse du BFR et de son évolution prévisionnelle
- Une gestion proactive des échéances de paiement (décalages clients/fournisseurs)
Une startup qui présente un plan de trésorerie cohérent démontre qu’elle maîtrise son modèle économique et qu’elle sait anticiper ses besoins de financement. À l’inverse, l’absence de visibilité sur le cash est un red flag majeur.
3. Des reportings et KPI pertinents
Les investisseurs veulent accéder à des tableaux de bord synthétiques qui permettent de suivre en temps réel la performance de l’entreprise. Ces reportings doivent inclure :
- KPI financiers : chiffre d’affaires mensuel, marge brute, EBITDA, taux de croissance (MRR/ARR pour les SaaS)
- KPI opérationnels : taux de conversion, churn rate, CAC, LTV, ratio LTV/CAC
- Analyse des écarts : comparaison budget vs réalisé, identification des dérives
Un reporting mensuel clair et structuré prouve que l’entreprise dispose d’une vision à 360° de sa performance et qu’elle est capable de réagir rapidement en cas de dérive.
4. Un business plan réaliste et documenté
Le business plan ne doit pas être un simple exercice de style pour séduire les investisseurs. Il doit reposer sur des hypothèses solides et vérifiables :
- Historique de croissance et trajectoire crédible
- Détail des leviers de croissance (acquisition, rétention, expansion)
- Structure de coûts réaliste, intégrant les investissements nécessaires (recrutements, marketing, R&D)
- Scénarios de sensibilité (hypothèses optimistes, médianes, pessimistes)
Les investisseurs confrontent systématiquement les prévisions aux réalisations passées. Un écart récurrent entre les objectifs annoncés et les résultats effectifs érode rapidement la confiance.
5. Des procédures et contrôles internes robustes
Une fonction finance structurée repose également sur des processus formalisés :
- Séparation des tâches (engagement, validation, paiement)
- Procédures d’approbation des dépenses
- Contrôles de cohérence sur les états financiers
- Audit interne ou externe régulier
Ces dispositifs réduisent les risques de fraude, d’erreurs comptables et de non-conformité réglementaire, autant de points sensibles pour les investisseurs.
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Mindset Finance vous accompagne dans la mise en place d’un pilotage financier opérationnel adapté aux exigences des investisseurs. De la structuration comptable au business plan, nos experts DAF interviennent à vos côtés.
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Les risques d’une fonction finance non structurée lors d’une levée
Perte de crédibilité et dévalorisation
Lorsqu’un investisseur détecte des faiblesses dans l’organisation financière, il remet immédiatement en cause la valorisation proposée par l’entreprise. Une comptabilité approximative, des prévisions peu étayées ou un pilotage inexistant conduisent à des négociations difficiles et à une décote significative lors de la valorisation finale.
Allongement du processus et opportunités manquées
Une due diligence qui révèle des lacunes oblige l’entreprise à reprendre ses fondamentaux : retraiter les comptes, refaire les prévisions, mettre en place des outils de suivi. Ce travail de rattrapage peut prendre plusieurs mois, durant lesquels :
- Les conditions de marché peuvent évoluer défavorablement
- L’intérêt des investisseurs peut retomber
- La concurrence peut prendre de l’avance
Dans certains cas, le délai supplémentaire impose à l’entreprise de lever un bridge (financement relais), souvent à des conditions moins favorables.
Perte de confiance et rupture de la relation
Au-delà des aspects techniques, une fonction finance défaillante envoie un signal négatif sur la gouvernance de l’entreprise. Les investisseurs se demandent : si l’entreprise n’est pas capable de produire des états financiers fiables, comment peut-elle piloter efficacement sa croissance ?
Cette perte de confiance peut conduire à un abandon pur et simple de l’opération, même si le projet présente un fort potentiel.
Exposition accrue aux risques juridiques et fiscaux
Une comptabilité mal tenue expose l’entreprise à des risques de redressement fiscal, de sanctions de l’administration ou de contentieux avec les partenaires (fournisseurs, clients, salariés). Ces risques, identifiés lors de la due diligence, peuvent justifier l’insertion de clauses de garantie d’actif et de passif (GAP) très contraignantes, voire dissuasives pour les dirigeants.
Comment structurer sa fonction finance avant une levée de fonds
Réaliser un diagnostic financier complet
Avant d’entamer des discussions avec des investisseurs, il est essentiel de mener un audit interne pour identifier les points de faiblesse :
- État de la comptabilité : est-elle à jour ? Conforme aux normes ?
- Qualité des outils : utilisez-vous un logiciel de gestion adapté à votre taille et à votre secteur ?
- Organisation des équipes : avez-vous les ressources nécessaires (comptable, contrôleur de gestion, DAF) ?
- Processus de pilotage : disposez-vous de tableaux de bord actualisés régulièrement ?
Ce diagnostic permet de prioriser les actions à mener pour préparer efficacement la levée.
Mettre en place des outils de pilotage adaptés
La digitalisation de la fonction finance est aujourd’hui incontournable. Les investisseurs apprécient les entreprises qui utilisent des outils modernes et collaboratifs :
- Logiciels de comptabilité cloud : Pennylane, QuickBooks, Sage
- Outils de prévisionnel et de reporting : Agicap, Finthesis, Tableau
- Plateformes de gestion de trésorerie : Spendesk, Qonto (intégration bancaire)
Ces solutions permettent d’automatiser les tâches répétitives, de réduire les erreurs et d’accélérer la production des reportings.
S’entourer d’experts financiers expérimentés
Structurer une fonction finance demande une expertise pointue et une connaissance des attentes des investisseurs. Faire appel à un DAF externalisé ou à temps partagé présente plusieurs avantages :
- Expérience des levées de fonds et des processus de due diligence
- Capacité à structurer rapidement les outils et les processus
- Crédibilité renforcée auprès des investisseurs (profil senior reconnu)
- Flexibilité budgétaire (pas de recrutement en CDI à temps plein)
Un DAF expérimenté sait anticiper les questions des investisseurs, préparer la data room et sécuriser le closing.
Préparer une data room exhaustive et bien organisée
La data room est l’espace virtuel sécurisé dans lequel l’entreprise met à disposition l’ensemble des documents nécessaires à la due diligence. Elle doit être organisée de manière claire et exhaustive :
- Section juridique : statuts, pactes d’associés, contrats commerciaux majeurs
- Section financière : comptes annuels, liasse fiscale, balances comptables, plan de trésorerie
- Section RH : organigramme, contrats de travail des cadres clés, politique de rémunération
- Section commerciale : principaux contrats clients, pipeline de ventes
Une data room bien préparée accélère significativement le processus de due diligence et rassure les investisseurs sur le professionnalisme de l’équipe.
Accompagner la levée avec un business plan solide
Le business plan doit être le fil rouge de la discussion avec les investisseurs. Il doit être :
- Réaliste : basé sur des données historiques et des hypothèses justifiées
- Documenté : chaque hypothèse doit pouvoir être expliquée et vérifiée
- Flexible : inclure des scénarios alternatifs en cas d’évolution du marché
- Aligné avec le discours commercial : cohérence entre le pitch et les chiffres
Un business plan solide démontre la maturité de l’équipe dirigeante et sa capacité à exécuter la stratégie annoncée.
Conclusion
Une fonction finance structurée n’est pas un luxe réservé aux grandes entreprises : c’est un prérequis indispensable pour toute entreprise en croissance qui souhaite lever des fonds avec succès. Les investisseurs ne se contentent plus d’une vision et d’une équipe talentueuse. Ils exigent des preuves tangibles de la capacité de l’entreprise à piloter sa trajectoire, à anticiper ses besoins en cash et à produire des données financières fiables.
Structurer sa fonction finance avant une levée, c’est se donner les moyens de :
- Réussir la due diligence sans accroc
- Négocier une valorisation optimale
- Accélérer le processus de closing
- Bâtir une relation de confiance durable avec ses investisseurs
Que vous prépariez un premier tour d’amorçage, une série A ou un financement de croissance, anticiper ces exigences vous permettra de maximiser vos chances de succès et de sécuriser les conditions optimales pour accompagner votre développement.
FAQ
Quel est le niveau de structuration attendu selon le stade de l’entreprise ?
Le niveau d’exigence varie selon la maturité de l’entreprise et le type d’investisseurs. Pour un tour d’amorçage (seed) avec des business angels, une comptabilité à jour et un prévisionnel de trésorerie peuvent suffire. En revanche, pour une série A ou B avec des fonds de venture capital, les investisseurs attendent une organisation complète : comptabilité analytique, reporting mensuel, business plan détaillé, et idéalement un DAF ou contrôleur de gestion dédié.
Combien de temps faut-il pour structurer sa fonction finance avant une levée ?
Le délai dépend de l’état initial de l’entreprise. Si la comptabilité est à jour et les outils en place, 2 à 3 mois suffisent pour structurer les reportings et préparer la data room. En revanche, si des retraitements comptables sont nécessaires ou si l’organisation est à créer de zéro, il faut compter 6 mois minimum. L’idéal est d’anticiper cette structuration au moins 6 mois avant le lancement du processus de levée.
Faut-il recruter un DAF en interne ou externaliser cette fonction ?
Le choix dépend de vos besoins, de votre budget et de votre rythme de croissance. Recruter un DAF en CDI représente un coût annuel de 80 000 à 150 000 € charges comprises, et nécessite un besoin à temps plein. Un DAF externalisé ou à temps partagé offre une flexibilité précieuse : vous bénéficiez d’une expertise senior immédiatement opérationnelle, à une fraction du coût, et vous pouvez ajuster le niveau d’intervention selon vos besoins. Cette solution est particulièrement adaptée aux startups et PME en phase de structuration ou de levée.
Quels sont les outils indispensables pour piloter sa fonction finance ?
Les outils de base incluent : un logiciel de comptabilité cloud (Pennylane, Sage, QuickBooks) pour automatiser la saisie et le suivi comptable ; un outil de gestion de trésorerie (Agicap, Finthesis) pour anticiper les besoins en cash ; et un outil de reporting (Google Sheets, Tableau, Power BI) pour suivre les KPI clés. L’important est de choisir des solutions intégrées et collaboratives, qui permettent un partage fluide de l’information entre l’équipe dirigeante, les experts-comptables et les partenaires financiers.
Comment rassurer les investisseurs si ma fonction finance est encore peu mature ?
Si votre fonction finance n’est pas encore optimale, la transparence est essentielle. Reconnaissez les points d’amélioration et présentez un plan d’action concret : recrutement prévu, accompagnement par un DAF externalisé, mise en place d’outils, etc. Les investisseurs apprécient les dirigeants qui ont conscience de leurs faiblesses et qui savent s’entourer pour les combler. Montrez que vous êtes proactif et que la structuration financière fait partie de vos priorités stratégiques.
Vous préparez une levée de fonds et souhaitez structurer votre fonction finance ?
Mindset Finance accompagne les dirigeants de startups, TPE et PME dans la préparation et la réussite de leurs opérations de financement. Nos experts DAF interviennent pour structurer votre pilotage financier, préparer votre business plan et sécuriser votre due diligence.
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